30.8.08

On My Shoulders


Soulever à bout de coeur au coin du sourire sur la limite de la larme qui ne coule pas
Soulever sans doute encore des voix passées dépassées déjà soulever pourtant
Et porter plus encore les mots qui ne se franchissent pas et plus avant l'infinité d'une main qui se referme le jour descend peut-être d'une cigarette qui s'éteint
Soulever toujours les décombres d'une heure écoulée
Une nuit d'orage bien trop claire alors
Un pas sur la route mal éclairée les lignes bientôt floues sous le frimas frileux du premier automne
Les mots qui ne se franchissent pas l'oubli peut-être sa pesanteur parce qu'il n'en est pas une fausse légèreté voile impudique soulever encore
Franchir
Traverser ce dont on ne peut se délester sans peine mais déposer pourtant sous l'acalmie du sommeil bientôt lourd du soleil d'été le jour descend peut-être
Un jour encore sans cesse soulever et encore
Revenir à la nuit

1.7.08

The Sound And The Fury


La sensation de l'eau ses cercles mouvants dessinant encore
surface brouillée au creux sa voix disait encore les côtes reçoivent encore lumière surannée du soleil qui ne se lève pas
et je voulais le serrer contre sa voix disait encore sa bouche sur l'ourlet triste et je voulais le serrer contre les corps ensemble sa voix
je voulais là contre avec sa voix disait encore encore sa voix contre la main sur la gorge battant à la faveur amère de l'orage l'olivier bientôt gris sur le dos bleu des marées sourdes encore je voulais la main peut-être
l'orage bientôt sur sa gorge je voulais le serrer contre moi la main sur sa gorge battant sa voix disait encore la confusion des images de
éparses les nocturnes ma main les flots dessous qui ne se lèvent pas sa voix disait encore les rayons denses à portée de coeur encore sa voix sous l'olivier bruissant gris sous le bleu je voulais et ma main sur la gorge ses battements sonores pour
le serrer contre moi encore sa voix disait encore les cieux plus ouverts "et je l'aimais comme j'aime ce son" sa gorge sur ma main tremblante

24.6.08

The End Has No End


Une route vierge
une terre fertile
ouvrir les possibles
et déployer dessus un pas plus léger
plus sûr cependant seule sans toi.
Je la quitte aussi cette route terre mue en aridité
de loin vers l'horizon peut être
je peux discerner une silhouette familière qui autrefois
se fondait dans la mienne
Tu tournes quelques fois la tête
et me discernes à ton tour
de loin
nécessaire distance nécessaire adieu
de loin
personne ne sait
seul sans moi seule sans toi
jamais toujours un jour peut être
nous sommes déjà bien éloignés
Deux points distincts sur le vaste horizon.

23.6.08

Les Opposants


III.2

L'océan à nouveau. Il est debout face à l'océan.

Louis
:
Vidé. J'étais vidé, c'est tout. Juste vidé. Je lui ai déversé mon vide dessus. Elle ne pleurait pas. Elle ne respirait plus qu'à peine. Suffoquait. Convulsions. C'est moi qui ai pleuré. D'abord. Changé noyé le vide. En larmes. Un petit garçon qui a fait une grosse bêtise. Les jambes écartées. L'herbe du parc. Arrosée. Là où je lui ai versé mon vide dessus. La quitter en lui disant combien je l'aime combien je l'aimerai TOUJOURS j'ai dis TOUJOURS alors que je ne dis jamais TOUJOURS mais là je l'ai dis là et je le redis encore là parce que je sais bien qu'il y a ce TOUJOURS là et nous nous étreindrons de nouveau parce que TOUJOURS parce que c'est elle je le sais bien parce que ça a TOUJOURS sonné comme ça comme un long et ineffable TOUJOURS l'évidence c'est tout juste l'évidence depuis TOUJOURS pour TOUJOURS et personne n'y peut rien n'y pourra plus rien maintenant plus tard elle ne
me croyait pas je crois elle ne me crois pas elle sait bien au fond que j'ai fait une grosse bêtise elle le sait bien. Séparés volontaires. Et le regret d'elle déjà. Et le manque déjà. Et je sais le regret futur et l'angoisse qu'elle ne veuille plus de moi quand j'aurai fini de verser le vide partout où j'aurai pu le faire quand j'aurai cuvé ma bêtise qu'elle ne veuille plus de moi JAMAIS quand je reviendrai les larmes de l'amoureux qui monteront et me rempliront les yeux jusqu'au coeur pour en combler le vide qui ne sera plus juste à lui sourire de nouveau encore TOUJOURS et arriver à dissoudre ce vide là qui se comblera à nouveau s'emplira à nouveau parce que je sais l'évidence je sais tout ça déjà. De nouveau la regarder encore. Et encore. Les yeux larges. La regarder. Et encore. A nouveau. La découvrir. Encore. Autrement. Avec les yeux de celui qui s'est éloigné parce que le vide devenait étouffant et la rendait opaque je ne la voyais plus le vide épais a fini par dissimuler la tendresse infinie qu'elle seule sait me porter. Je suis vidé parce que l'air a manqué trop manqué sans doute je suffoquais tout entier. Et je sais déjà. Le besoin d'elle comblera ce vide là dont je ne sais déjà plus quoi faire. Elle manquera et le vide s'écoulera. Doucement. Lentement. Des mois sans doute sans elle et recouvrer l'air qui a manqué. Apprendre une nouvelle langue et mieux comprendre la détresse qui rend sourd. La détresse qui interrompt l' irresistible attraction un spectacle désuet s'il n'arrive jamais au coeur ne remonte jamais jusqu'aux mots qui consolent. Apprendre. Laisser le temps au vide de s'écouler de se combler en apprenant. Apprendre parce que c'est TOUJOURS et qu'il faut apprendre. Retrouver plus tard la tendresse. Les caresses le matin elle se réveillait toujours avant moi le vide expirera et c'est moi qui la regarderai le matin en attendant les premières caresses et les premiers baisers le sourire qui traverse le visage de part en part le matin la nuit aura fait son chemin. Il pose le galet et le recouvre d'un peu de sable.

Anna arrive du fond de la scène, elle marche droit. Elle s'arrête à la hauteur de Louis. Ils sont maintenant côte à côte. Elle aussi regarde l'océan.


Anna:
Elle pose le galet et le recouvre d'un peu plus de sable. Je marchais la rue était presque à moi m'amuser à regarder les garçons dans les yeux la cigarette à la bouche. Toi tu es loin et ça n'est pas si grave que je l'aurai pensé parce que je sais que bientôt quelques mois peut-être nous nous étreindrons de nouveau. Alors tu ne manques pas. Le soleil est là bien là et puis c'est tout et puis je traverse le froid bien sec de décembre avec lui. Bientôt avec toi bientôt. Et toi toujours. Alors tu ne manques pas. Et je ne t'attends pas alors. Et le soleil encore sur mes joues poudrées un peu de khôl sur et sous les yeux plus jaunes au soleil où je les imagine briller mes yeux. A nouveau je trouve l'envie d'écrire qui avec toi m'avait quittée. Plein le coeur et le vent léger. Juste suffisant pour se souvenir que c'est l'hiver. Mais tu ne manques pas. Parce que je sais. Parce que bientôt sûrement. Parce que les promesses. Parce que l'envie de les voir un jour se réaliser. Et m'amuser à regarder les garçons dans les yeux la cigarette à la bouche. N'avoir envie d'embrasser personne en particulier voler des baisers plutôt voler des baisers des baisers en multitude des baisers jusqu'à l'ivresse boire aux lèvres des garçons cette douce griserie là qui n'engage à rien sinon à quelques instants. Griseries sourdes et ciel noir de la nuit le soleil encore dans les yeux quelque chose qui pétille de loin en loin autant d'étincelles sur le sable épais de cet océan qui m'est cher. Qui nous est cher. Assis des heures durant instants mis bout à bout infinités. A moi l'océan miroitant infinitude d'incandescences sur l'étendue grise ou plus bleue selon le ciel qui la dessine. Et me maquiller pour rien comme ça juste devenir jolie sous les poudres bleues pour les yeux le rose pour les pommettes que je n'ai pas bien hautes donner l'impression de me donner l'impression de. Pour rien comme ça et mettre de la crème qui brille un peu sur le décolleté et sur les jambes même si personne ne les voit les paillettes ni même moi. Des paillettes sur les jambes entre les seins que je n'ai jamais eu bien épais au moins ça ne tombera pas. Du parfum aussi du parfum pour l'odeur au passage pas trop juste assez pour laisser trace dans l'air et traverser le froid bien sec de décembre avec le soleil et ces petites fragrances là que l'on respire mieux en hiver parce que l'air est moins chargé moins suffoquant peut-être l'air presque aseptisé de décembre. Et tu ne manques pas. Mon amour. Mon amour. Tu ne manques pas mon amour. Je ne dis pas TOUJOURS moi. Je ne l'ai jamais dit moi TOUJOURS c'est vrai on ne peut pas savoir toi tu dis : « TOUJOURS » et tu ne sais pas plus que moi si nous nous étreindrons encore plus tard et longtemps. Mon amour. Et je pense à toi encore. Peut-être manques-tu un peu alors. Mon amour.

L'horizon se dessine dans leurs yeux confiants ensemble il voient sans doute des images semblables.
NOIR


FIN

The New

La mer s'ouvrait béante au creux de la grève

The Great Disaster




Septième symphonie. Ludwig Van. Un verre de Chardonnay. Vague piquette. Les mots sont engourdis. Se font et se défont au gré des violons. Au gré de l'orchestre entier. Il abattent les crescendos. Boire seule est un plaisir étrange. la bouteille n'a pas la même physionomie que celle que l'on a posé sur la table basse autour de laquelle les amis se sont amassés. Le vin n'a pas le même goût non plus. Une amertume sous le ciel déjà chaud d'avril. Amère. Amers. Amer. La fenêtre voudrait que je l'ouvre parce que les étoiles crient trop fort. Ode à la nuit. Cahier, bureau, encre et vin face à la nuit déjà erronée par les lumières de la ville, trop fortes. Trop fortes ces lumières qui gâchent la nuit et couvrent ses nuances. Il s'agirait de tout éteindre. La nuit et la symphonie sans plus d'artifice. Deuxième mouvement la nuit se soulève un peu plus. Une mélodie où le souffle se pose respiration changeante selon la phrase. Connaître la symphonie par coeur et se laisser surprendre encore. Agencements improbables. Trouver la mélomanie du verbe.
Je veux que la lune éclaire que les nuages soient visibles. Je veux que les fleuves sortent de leurs lits et que les rivières se déversent en torrents. Je veux les mots sur ces eaux là. Je veux l'océan et ses écumes irrépressibles son ciel changeant son teint grisâtre ou bien azur. Je veux les algues et la vase après la marée. Le vent dans les rouleaux et les rouleaux sur le sable nulle plage. Je veux les soleils d'automne dans le vent frais les vents d'été sur les arbres d'hivers -
ceux qui ont oublié les fruits.
Je veux des villes grouillants et des chemins déserts des plages désafectées des monts qui réfléchissent l'orage. Je veux la course folle des flots la danse tyrannique du vent dans les feuilles mortes à terre déjà. Je veux l'éruption de toutes parts. Que les saisons se confondent à mesure que la mélodie progresse que les violons se mêlent au tambour. Je veux la nudité crue d'un paysage industriel usines désertées sauvages structures métalliques que n'attaquent que la rouille les affres du temps. Je veux la durée fuyante et l'instant palpable, définissable, associé à la marque des souvenirs brûlants. Je veux la chair moite et mouvante la chair si particulière de l'acte qui se construit au fil des scènes qui se confondent. Je veux la chaleur embuée du souffle de l'effort d'un corps sur l'autre. Je veux la rencontre des peaux et l'émotion des sens.
Je veux l'ivresse.
Je veux l'alcool mêlé à l'amour le vin mêlé au corps le corps de l'autre à l'autre pour l'autre à soi pour soi en soi. Vivre cet autre corps au sein de la nuit assez noire pour que des ombres se dessinent encore entre un dos et une jambe. Trouver alors l'ivresse dans les ombres les recoins de lumières sans cesse brouillés retournés malmenés selon la réciprocité des souffles / réciprocité des corps ensemble. Espace faillible retrouver l'océan et ses brumes que les vagues transpercent à la mesure de la puissance du souffle.
Le vent tourne.
Il emporte ciel flots et terres. Inévitablement. Un vaste soulèvement l'univers respire. le vent dans les cheveux les yeux sur l'océan. Je veux la mer déversée et l'écume sur les nuages. Des roses sur les pics et des orties sous les ronces. je veux les nuits solitaires dans la pâleur du jour la lumière vaine du quotidien sous le doux retrait du ciel noir. je veux la nuit et l'encore. Encore. Je veux l'encre noire sur la page blanche que la nuit obscurcisse les soleils qu'on a trop attendus. Je veux l'odeur de la nuit sur le jour irrespirable. Je veux les pianos de Beethoven sous les moteurs des voitures, ses mélodies sur chaque mouvement. La sensation pure d'un bras qui se lève ou d'un oeil qui s'ouvre. Je veux le silence de la main qui fait signe sonore. Je veux les silences mobiles et les sons impassibles. Je veux les notes bouleversées au rythme de la terre sans cesse balayée et emmenée on ne sait où. Je veux les puissances alliées.
Je veux l'émotion pure d'une fleur qui se fane d'une vague qui s'écrase d'un ciel qui se dégage.
(29 Avril)

22.6.08

I Want None Of This


Il faudrait la mer dirigée sur la rouille Le sel au delà de l'orange. La craie encore blanche de la grève laisse à chaque remous à chaque brise entravant les écumes diverses d'algues et d'eau salée se consumer les flots

Il faudrait l'écume confondue aux nuages la mer au ciel les étendues ensembles

Il faudrait alors des pas sur le sable encore épais de la marée précédente. Des traces. Le signe d'un passage sur l'immensité poussiéreuse et blanche et infime et douce et claire et invincible
ô plages: déserts à portée d'eau

Il faudra rejoindre l'éblouissement des rayons sur les vagues la lumière de la terre que l'océan a lavé l'incandescence du flot qui s'écrase gracieuse écume. Blanche. Semblant de nectar offrande marine


Il faudra


Il faudra la terre sous l'océan fécond inextinguible mouvement et bouleversant

L'eau a dépassé la terre engloutie prodigue source à l'océan si vaste pourtant; s'inclinant à toutes vagues sur le soleil froid des aubes hivernales; s'étirant jusqu'à l'horizon iridescent de juin

L'océan devient l'adversaire

Une course inexorable contre l'horizon que le ciel déchire parfois à grands coups d'orageux naufrages

Naufragé le ciel qui ne peut plus descendre


Naufragé l'océan à jamais pris entre sable et ciel


Naufragée plage déserte à toujours échouée abandonnée


Là.


Au gré des flots malgré les vagues qui te voulaient garder en leur sein


L'océan ne dort jamais ne cessant

de soulever la terre qui le porte

Il n'est de mer paisible

L'étendue trop vaste trop amère le sel qu'elle roule sans cesse en son creux